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  • Photo du rédacteurclaireguerlin

De la Vie ....


J'avais imaginé toute autre l'éclosion de ce blog. Arrivant parmi vous dans un contexte apaisé, serein. Que vous puissiez l'accueillir comme un petit être, dans vos vies, où que vous soyez, qu'il vous permette, au gré des articles de cheminer dans la voie du bonheur, du « Samadhi ».

Il n'en sera pas totalement ainsi.

Les récents attentats donnent d'emblée une teinte résolument plus « combattive » à ce que j'avais initialement souhaité. Le combat de la vie contre la mort, de l'espoir contre l'absurdité, de la lumière contre l'idéologie. La bougie de la Vie contre la mitraille des armes.

Ces attentats, aucun mot, image, témoignage ne peut en révéler toute l'atrocité. Nous n'avons pour l'instant que notre coeur et notre corps pour ressentir la douleur indicible qu'ils nous infligent.

Certains essaient pourtant d'y mettre des mots, certainement maladroits. Nous sommes passés dans « l'ère d'après », que certains de nos politiques dénomment ainsi trivialement, « la guerre ». Nous serions donc en guerre, désormais. J'ai bon espoir que ce raccourci langagier ne soit pas le raccourci de l'âme. Par respect pour les victimes, leur famille, mais également pour la vie que ces barbares entendent mettre à terre, je suis convaincue qu'il y a une infinité de fils à tirer, d'espoirs à reconstruire, de mots justes à chercher pour emplir la vacuité propre à la pensée radicale. Certains de nos jeunes plongent dans cette vacuité en réponse à une vie sans projet, sans parole. Voilà peut-être le plus beau des combats. Ramener nos jeunes du côté de la vie. Leur réapprendre à se dépasser dans leur vie et non dans leur mort et celle des autres. Ce combat nous demande à tous de se mobiliser, de changer notre regard, de leur ouvrir nos portes, symboliquement comme physiquement, comme nous l'avons fait pour les victimes fuyant la mort dans la rue du 10è arrondissement.

Aux lendemains de ces attentats, mêlée à mon incompréhension, à ma colère, à ma douleur, s'est imposée l'envie de comprendre ce qu'il y a à comprendre, de lire, d'écouter, de croiser tous les regards et les paroles de ceux qui peuvent nous aider, nous guider, à mieux appréhender ces évènements. Que s'est-il passé pour en arriver là ? Que n'avons-nous pas vu, compris ? Et surtout, comment mettre en actions les "plus jamais ça" ?

Les terribles attentats qui ont frappé l'humanité en plein coeur il y a quelques jours s'inscrivent sur la liste de tous ceux qui, au nom d'une idéologie de destruction, veulent semer l'effroi et la guerre civile. Nous nous sommes tous réveillés avec une gueule de bois qui n'en finit pas, une douleur qui dépasse la seule sphère mentale, la « simple » tristesse. C'est le corps qui a mal. C'est notre corps à tous qui ne cicatrise pas de la plaie que des fanatiques ont laissée béante pour un long moment.

En début de semaine dernière, j'avais commencé à travailler sur mon site, à identifier les premières thématiques que je souhaitais traiter dans mes chroniques … Vendredi après-midi, je m'étais mise à la rédaction de mon premier article. Celui-ci traitait de l'effet de rassemblement que j'observe autour de moi, me provoquant à la fois questionnement et engouement. Cet article partait du constat que la plupart du temps, et du fait de notre rythme de vie, métro/voiture – boulot – dodo, nous nous rencontrons dans les mêmes lieux à peu près toujours tous au même endroit : la route pour les bouchons du matin et du soir, la route des vacances, les magasins blindés en fin de journée, de même que les jolis spots de promenade ou de running le soir ou le week-end, les cinémas, les restos. Le reste du temps, ces mêmes endroits sont déserts ou presque : la route du travail le week-end, les cinémas en journée, les restos en début de semaine... Je m'apprêtais à dire que cela me provoque une réaction de colère, mais je ne sais pas contre qui adresser cette colère. Car si l'effet de groupe peut être super sympa, ce que je relève c'est l'uniformité des modes de vie, le difficile autre choix que nous avons pour décider de vivre à rebours de cette scansion du temps qui nous est imposée. Après une journée ou une semaine de travail, voici ces parcelles de vie qu'il nous reste, qu'on nous donne le droit de vivre, seulement lorsqu'on a accompli son devoir de travailleur, étudiant, maman, papa …. Je m'apprêtais à l'écrire, jusqu'à ce que ces barbares viennent jusqu'à nous piller ces moments là, où tous, nous pouvons enfin essayer d'ex-ister. C'est parce que ces huit individus- que je ne sais plus nommer tellement il me manque de qualificatifs – ont justement identifié que nous, jeunes, plus vieux, étudiants, papas ou mamans, français ou étrangers, profitions tous ensemble de ces moments de lâcher-prise tellement ils sont rares. Ils ont choisi de torpiller cette liberté à ces moments, dans ces lieux, à nous tous.

J'ai voulu me rendre sur ces lieux, peu de temps après ces massacres. La banalité mais aussi la familiarité de ces emplacements, de ces bars, restaurants, laverie, coins de rue, sont venues déclencher une douleur atroce au niveau du coeur. Sous les parterres de fleurs, derrière les rideaux fermés, dans le silence si assourdissant de toute cette foule venue se recueillir, j'ai vu par centaines de flashs ces bienheureux, ces bons vivants tomber, hurler, puis s'entraider. J'ai eu mal comme quand on vient pleurer une personne aimée disparue. Je ne les connaissais pas, mais je n'ai jamais été aussi proche d'eux qu'à ce moment là.

Cette expérience telle que je l'ai vécue n'a certainement rien apporté à l'humanité, aux familles des victimes dont l'immense travail de deuil commence à peine.

Mais elle m'a permis de ressentir encore plus profondément l'amour pour vous, pour nous tous, qui que nous soyons, car on est tous faits de la même chair. Dépasser la dualité « les autres / moi » autant que possible, ne pas avoir peur, jamais, garder l'ancrage profond et droit dans la vie. Ne plus rien perdre de temps, de rencontres, regarder droit devant, pouvoir être fière de la vie et du monde pour le bien-être duquel nous avons tous un rôle à jouer.

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