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Suivre le rythme des saisons



Pourquoi tant de personnes souffrent-elles de burn-out ? Pourquoi, après s’être emballé pendant des années, notre système économique s’effondre-t-il maintenant ?

Pour Jaap Voigt, la réponse est claire : au lieu de nous laisser porter par les rythmes de la nature, nous nous y opposons. Cet enseignant et consultant inspiré par le taoïsme a développé une méthode qu’il décrit dans son livre Vivre et travailler au rythme des saisons (malheureusement non traduit en français). Il explique le déroulement des processus naturels et la façon de les suivre. Car il existe aussi un printemps, un été, un automne et un hiver pour la vie de notre corps et de notre esprit.

La théorie de Jaap Voigt repose sur le Yi Jing (Livre des changements) et les calendriers traditionnels chinois. Le calendrier qu’il propose est décalé par rapport à nos calendriers habituels. « Le début du printemps est officiellement fixé au 21 mars, mais, ce jour-là, je me dis chaque année que, dans la nature, le renouveau est déjà là depuis longtemps ! » Le calendrier chinois qu’il utilise confirme cette intuition. Sur le plan énergétique, le printemps commence dès le 4 février. C’est un début plus laborieux, jalonné d’obstacles : il peut encore faire très froid, voire geler. « Mais il en est ainsi dans la vie, insiste Jaap Voigt, c’est le premier pas qui coûte. Février marque le retour de la lumière. Tout germe dans la terre. Je sens ces pensées et ces idées se développer doucement, mais je n’oublie pas qu’elles sont encore à l’état d’ébauche. En février, je me retire toujours sur l’île de Terschelling. Là-bas, j’étudie, je médite et je prépare mon planning pour l’année suivante. »



L’instant, présent de l’énergie


Jaap Voigt donne des cours sur les trois ouvrages qui sont les piliers de la civilisation chinoise : le Yi Jing, le Tao te King et L’Art de la guerre. Ces sources anciennes lui ont donné accès à la pensée traditionnelle chinoise sur les saisons. Le 21 juin, l’énergie yang est à son apogée. « En considérant cette date non comme le début mais comme le temps fort de l’été, on le vit beaucoup plus consciemment, affirme Jaap Voigt. En août, les feuilles des arbres commencent à changer de couleur, aussi est-il tout à fait naturel de voir cette période comme le début de l’automne. »


« Ce nouveau découpage de l’année nous rend plus réceptifs à l’instant énergétique et nous aide donc à agir de manière plus ciblée. Le calendrier officiel retarde de six semaines par rapport à la réalité. En prêtant attention au véritable rythme des saisons, nous exploitons à fond les possibilités de renouveau offertes par la vie. Tout ce que nous ressentons au fil des mois devient de plus en plus profond et concret, nous prenons conscience qu’au fil des saisons, année après année, toutes les facettes de la vie et du travail sont mises en lumière. »


Maturation


L’été est une période de maturation. Tout est en pleine lumière, les idées prennent forme et se concrétisent. À cette époque de l’année, Jaap Voigt part en voyage dans le cadre de son travail. En revanche, le printemps est le moment propice pour laisser prudemment, lentement, se développer de nouveaux germes, de nouvelles idées. « Après le temps du retour à soi, l’énergie vitale rejaillit. Il faut laisser à ces germes de vie le temps de temps de prendre forme. Aujourd’hui, tout le monde parle de “donner” forme aux choses, alors qu’il s’agit de les laisser “prendre” forme. Je ne suis pas d’accord avec l’idée que l’homme modèle lui-même sa vie. C’est une théorie complètement fausse. Ce qui est vrai, en revanche, c’est que des élans peuvent prendre forme. C’est un processus singulier et toujours surprenant : certaines graines sortent de terre, d’autres pas. C’est une sorte de grâce. D’autres forces sont à l’œuvre, auxquelles il faut essayer d’être réceptif, en devenant le canal ou l’instrument qui les véhicule. » Tout cela a des échos très religieux, ce que Jaap Voigt ne nie pas. « Mais cela n’a rien à voir avec un dogme particulier. La question essentielle, c’est : comment “quelque chose” peut-il naître du “rien” ? On peut tracer un cadre, mais il doit rester perméable. S’il devient étanche ou définitif, ce qui se produit souvent dans notre pensée occidentale, il empêche l’énergie vitale de circuler librement. »


Patience et enthousiasme


Le livre de Jaap Voigt n’énonce pas seulement une série de préceptes : « J’ai voulu fournir une toile de fond, une réflexion sur le cours naturel des choses. Parfois, il peut y avoir un décalage de quelques semaines – selon les années, les fleurs s’ouvrent plus ou moins tôt. Si vous essayez de suivre cette trame en conscience, vous serez en accord avec la nature. Nous sommes nombreux à souffrir de dépression en hiver. Pourquoi ? Parce qu’à la fin de l’année, il nous faut intégrer beaucoup de choses. En octobre, il faudrait faire le point à partir de notre conscience – ce beau lieu de calme –, porter nos regards vers l’intérieur. Nous y découvrons souvent des illusions sur nous-mêmes, qui nous font nous voir meilleurs ou pires que nous sommes. Parfois, nous tombons malades : ce sont nos illusions qui transpirent et nous quittent. Cet hiver, j’ai gardé ma joie de vivre, parce que j’ai pris le temps de mettre de l’ordre, de faire le bilan. »

Jaap Voigt cite cinq niveaux : “la position de base”, “l’élan”, “le courant sous-jacent”, “la couche énergétique” et “le monde des formes”. À quoi correspondent concrètement les trois premiers niveaux ?

« Au printemps, vers le mois de mars, il y a toujours ce moment émouvant où l’on se dit : si je reviens ici dans trois jours, les arbres seront en feuille. Et en effet, quelques jours plus tard, tout est vert. Juste avant, les lecteurs d’auras peuvent déjà distinguer l’aura – ou corps subtil – de ces feuilles dans les arbres. Et la forme s’incarne dans cette aura. Il est faux de penser que la forme précède l’aura, c’est en réalité l’inverse : c’est dans l’aura que naît la forme.

Les trois premiers niveaux constituent en quelque sorte l’aura subtile au sein de laquelle les quatrième et cinquième niveaux vont se déployer. Cela peut sembler contradictoire. Par exemple, il faut faire preuve de beaucoup d’enthousiasme au niveau de l’élan, mais être très patient au niveau du courant sous-jacent. Dans le monde des formes, c’est contradictoire, mais pas dans le monde subtil. Le taoïsme enseigne qu’il faut accepter de vivre ce paradoxe, cette zone de tension entre patience et enthousiasme. Il n’y a pas là de dualité, mais une polarité : on ne sépare pas, on essaie au contraire de relier. Il n’y a qu’une seule possibilité : si nous supportons cette tension, notre germe de vie s’enfouit plus profondément. Voilà comment faire face à cette contradiction apparente.

Les trois premiers niveaux sont immatériels. C’est d’abord l’énergie qui jaillit – encore invisible mais qu’on peut déjà appeler qualité – puis la forme. Vous pouvez commencer par essayer de distinguer les niveaux 4 et 5 dans votre vie, dans votre énergie vitale. »


Périodes de repos


Chacun peut s’approprier la méthode de Jaap Voigt. « Le cadre que je propose est perméable. Que vous soyez journaliste, professeur ou infirmière, l’important est de chercher constamment à vous améliorer, à nourrir ce talent qui cherche à jaillir et à s’exprimer dans votre métier. Or c’est dans le calme que l’âme se nourrit. Pouvez-vous trouver du calme entre deux périodes de travail ? Même si vous ne prenez pas de congés, certains moments de l’année sont propices à cela, les deux dernières semaines de juin et la première semaine de juillet par exemple. La respiration est fluide, on se situe dans la pause après la montée de l’énergie yang : il est temps de faire le point. Puis c’est la montée du yin. La période entre Noël et l’Épiphanie (6 janvier) est idéale pour mettre de l’ordre. Chaque année, à cette époque, je range mon bureau, ma table de travail. Lâcher prise, pour trouver le calme. »



Pourquoi est-il si important de vivre plus naturellement ? « Le monde connaît de terribles ruptures. Toutes les formes dépourvues d’âme se brisent et volent en éclats. Le système économique s’effondre, et ce n’est que le début. Notre arrogance est rabaissée. Les conséquences de la crise se font sentir dans toutes les familles. Mon livre est ma réponse face à ces événements. La mission essentielle de l’homme, aujourd’hui, c’est de réparer, de soigner. Mais cela n’est possible qu’à partir de l’aura, du corps subtil. Il est trop tard pour agir sur le plan matériel. J’ai l’impression que les gens qui ont su rester intègres ces dernières années sont appelés un par un. On pourrait dire que les forces de la lumière recrutent ! Et elles m’ont appelé. J’ai été choisi et je dois apporter ma contribution. Pourquoi ? Parce qu’il le faut. Nous vivons une époque mouvementée. Vivre et travailler au rythme des saisons nous aide à rester au plus près de la nature, au plus près de l’essentiel. »


Le calendrier naturel

4 février – 5 mars Croissance intérieure. Approfondissez le lien avec votre source. Tendez l’oreille, avec attention et précaution, pour entendre une ou deux graines en germination possible, et nommez-les.

5 mars – 5 avril Reliez l’âme et la forme. Vous pouvez commencer à petits pas, en laissant simplement votre inspiration et vos désirs prendre forme.

5 avril – 5 mai Quel rôle avez-vous à jouer dans ce monde ? En prenant les choses comme un jeu, vous découvrirez de nouvelles opportunités. Saisissez-les, même si elles vous paraissent audacieuses. Jetez-vous à l’eau.

5 mai – 6 juin Une période où les situations peuvent changer radicalement, souvent par à-coups. Essayez d’analyser ce qui cherche à sortir et à quoi cela se heurte. Arrivez-vous à affronter la réalité sans entrer en conflit ?

6 juin – 7 juillet Pleine présence au monde. L’année est à son apogée, mais, bien que cela soit tentant, n’épuisez pas aveuglément votre énergie.

7 juillet – 7 août Renforcez vos liens avec le monde extérieur, apprenez à naviguer sous vent contraire. Faites doucement mûrir vos élans créatifs et tentez de repérer vos faiblesses. Prêtez attention aux détails.

7 août – 7 septembre Maintien de la continuité, vue d’ensemble des acquis externes. C’est la période où il importe d’être avec les autres, car on fait preuve d’ouverture sans difficulté. Préparez-vous à l’automne en prenant des engagements clairs.

7 septembre – 6 octobre Ralentissez, agissez calmement à partir de votre source intérieure. Ne vous mettez pas sur le devant de la scène, accomplissez vos activités dans le plus grand calme. Le moment de la croissance vers l’extérieur prend fin.

6 octobre – 6 novembre Faites le bilan, réfléchissez, jugez, mettez de l’ordre. Vivez au niveau le plus profond de l’existence, comme une femme enceinte : dans la pureté et l’attente paisible. La discipline se mettra en place d’elle-même.

6 novembre – 5 décembre Abandonnez vos illusions, élaguez. Renoncez à ce que la vie n’offre plus ; éliminez le superflu. Repérez lesquels de vos actes sont de qualité, lesquels ne le sont pas.

5 décembre – 4 janvier Renoncement et repli sur soi. Repos et acceptation. En particulier entre Noël et l’Épiphanie, gardez le calme et le silence ; c’est la période la plus statique de l’année. Ne vous lancez dans de nouvelles activités qu’après la mi-janvier. C’est dans le vide que notre identité profonde se révèle le mieux.

4 janvier – 4 février Qu’est-ce qui cherche à émerger à travers vous ? C’est l’époque de l’hibernation, où l’énergie se régénère pour que la vie puisse renaître d’elle-même. l’énergie se régénère pour que la vie puisse renaître d’elle-même. nouvelles activités qu’après la mi-janvier. C’est dans le vide que notre identité profonde se révèle le mieux.

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