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  • Photo du rédacteurclaireguerlin

"Le regard est dans tout pays un langage" (G. Herbert)


J'ai face à moi ce regard.

Transperçant, doux et douloureux, brillant et vif. Je me prends à m'imaginer à quoi elle pensait, cette jeune fille de la carte postale qui évite le regard du photographe.

Elle est là, sur mon bureau depuis notre retour du Maroc. Elle irradie l'espace de toute sa luminosité.


Son regard est lumineux comme cette symphonie de couleurs que j'ai ramenée dans mon cœur.

Son regard est sombre, sauvage, profond, puissant, peinant à dissimuler un trop-plein de pensées, d'espérances, de pudeur.


J'ai envie de la prendre dans mes bras, de parler avec elle, ou plutôt de l'écouter me parler de sa vie là-bas. De comprendre ses peines et ses joies. De quoi est fait son quotidien. Qu'est ce qui la fait rêver. Qu'est ce qui la fait pleurer. De plonger avec elle dans cette lumière obscure.


Ce voyage m'a laissé des empreintes sensorielles dont l'intensité ne cesse de se déployer, même depuis mon retour.




Je voudrais parler des lumières et des couleurs luxuriantes, du rose des bougainvilliers, du bleu majorelle, du rouge de la terre cuite, du vert des palmiers et des cactus, du jaune des taxis. Et du noir de tous ces regards croisés. Je n'ai jamais vu autant de lumière dans le noir.


Je voudrais parler des sourires et des odeurs d'épices et de pots d'échappement, de la vie au dehors, dans la rue, du désordre et de l'énergie, de tous mes repères plein d'ordre, de méfiance à peine assumée et d'"impeccabilitude" qui volent en éclats dès la descente du car.




Je voudrais ne jamais oublier cette vie qui bat son plein, trépidante sous la chaleur d'une journée où le soleil ne laisse aucun répit.


Je voudrais ne jamais oublier qu'ici ou là-bas, notre diversité nous rend tellement plus fort, plus riche. Elle nous donne tellement d'énergie dans le partage, dans l'ouverture, dans l'acceptation et la compréhension de la différence.


Cette jeune fille de carte postale, c'est une partie de moi, de vous, de nous. Elle porte en elle notre identité commune mais nous donne à voir ce que nous ne sommes pas et ce faisant, elle nous interroge. Pourquoi sommes nous différents ? A quoi cela tient-il ? A une langue, une couleur de peau ? A une culture, une histoire, une religion ? Et qu'est ce que cette différence vient nous dire de notre propre identité à nous ? Au final, la différence cède. Elle ne résiste pas devant un regard aussi profond. Elle tremble de tant d'histoires et d'Histoire certainement partagées dans une « n-autre » vie.


Je pensais que ce voyage était un chemin de détente, après une année bien chargée.

Mais en fait, ce chemin est bien plus que cela. Ce chemin est notre voyage à tous au pays de l'humanité. Un chemin qui croise des arbres somptueux que je nomme Tolérance, Espérance, Ouverture à l'autre, Confiance et Fraternité. Des valeurs qui résonnent d'autant plus fort en moi que c'est ce qui me relie à la pratique du Yoga. Dans une Asana, une concentration ou une respiration, ça n'est pas à notre petit monde que nous allons nous relier. Nous cherchons à faire jaillir du plus profond de notre corps ces énergies universelles desquelles nous sommes tous constitués.


Où que nous allions dans nos voyages, nos découvertes, tout près ou tout loin, je nous souhaite de voir dans la différence, la perte de repères, l'occasion d'une rencontre merveilleuse avec ce qui nous échappe encore tellement de nous.








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