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  • Photo du rédacteurclaireguerlin

Et si le bonheur était dans notre assiette ?


"Le bonheur n'est pas la joie, car la joie est ponctuelle. Le bonheur est un sentiment de fond, l'assiette de la vie".

Je n'ai pas pu poursuivre ma lecture de ce bouquin d'Arnaud Villani ("La philosophie du peu, le courage d'être heureux").

Cette petite phrase, si simple, m'a fait refermer le livre.

Ressentir en moi une profonde connexité avec elle.

Prendre mon clavier.

Et écrire.

Pour commencer, je dois avouer que chaque jour qui passe laisse en moi un arrière-goût de frustration, mêlée à la fatigue, à l'envie furieuse d'en faire tellement plus. Je trouve souvent ma vie tellement insatisfaisante.

Et de penser à mes rêves, mes projets avec désespoir, en constatant que je n'arrive pas à les réaliser aussi vite que je voudrais. Le yoga me manque, également le temps de lire, de m'investir dans mon association que je suis en train de monter, de continuer à me former ...

Le plus gros du quotidien, c'est le temps pris au travail, dans les transports, dans les occupations ménagères et administratives. Ce que tout le monde connaît en fin de compte.

D'où ces grosses angoisses qui sont souvent les miennes.

L'angoisse de la vie qui avance, qui me tire, mais moi qui ne maîtrise rien, qui subit, qui ai peur même parfois d'avancer aussi vite tout en ressentant de l'immobilité. Dans ce tumulte, on reporte à plus tard notre bonheur, au moyen de to-do list interminables. Et ce bonheur qui devient conditionnel, toujours repoussé à plus tard, plus loin, quand on sera en week-end, en vacances, reposé, quand on aura atteint tel objectif, telle concrétisation ...

Mais on le voit bien, chaque objectif atteint n'apporte pas le lot de bien-être tant escompté. Ce fameux bonheur qui devient si oppressant tellement il nous échappe.

L'angoisse de me dire que je n'ai que 31 ans, et de ce qu'en ai déjà vu, compris et vécu, ça n'est pas la vie ni ses évènements qui me donneront l'occasion, l'autorisation d'être BIEN, d'avoir le temps, de la sécurité et de la sérénité. C'est arrivé à de nombreux micros-moments. Mais à bien y réfléchir, c'était surtout les évènements qui étaient joyeux, pas moi réellement.

D'où cette intuition pressante d'inverser ma vision de la vie et du bonheur.

Voir le bonheur comme une disponibilité d'esprit que l'on s'offre.

Lâcher la promesse d'un bonheur qui vient des personnes, des choses ou des évènements.

Au détour de mes lectures, de mes bulles de méditation et de yoga, au détour de mes moments passés avec mon petit et mon grand chéri, c'est comme si tout m'invitait à me ramener doucement mais naturellement vers l'essentiel, le simple, le fond du fond comme dirait Alexandre Jollien.

Ce fond, ça n'est pas de l'obscurité, c'est au contraire là où se niche, là d'où jaillit la lumière que nous recherchons tant. Cette lumière qui m'a éblouie de lucidité dans cette phrase d'Arnaud Villani.

Le bonheur est dans notre assiette de vie, mais celle-ci est tellement prête à déborder qu'on y voit plus rien. On ne voit plus l'essentiel. Le goût des choses, les priorités, les envies. On mélange tout. Mais ça n'a pas de goût.

Arrêtons-nous sur le creux de notre assiette, commençons par en prendre soin, à ne pas y déposer toute notre vie sans conscience avec une grande louche.

Préférons des jolies couleurs, de bons aliments, des assortiments créatifs. Limitons la quantité, pour profiter de la qualité. Ne suivons pas les recettes des autres, revenons à nous-même, à ce que l'on sait faire de bien, à ce qui nous nourrit et nous fait du bien.

Plus qu'à tout autre moment de ma vie, je cuisine. Des légumes, des fruits, des céréales, des gâteaux, des épices... Des couleurs, des aspects et des saveurs complètement différentes. J'en ai un besoin viscéral. En lisant Villani, je prends conscience que c'est un peu la vie que j'essaie de cuisiner. D'en faire quelque chose de bon.

Même si paradoxalement c'est au prix d'un effort terrible pour s'astreindre à reprendre contact avec le fond de notre assiette, je pense que c'est là que se trouve le bonheur. Il est tout près, il est même là, tout le temps, en nous. Prêt à nous sauter dans les bras.

De mon côté, au moment même où je finis de déposer ces mots, je sais que je l'ai trouvé mon bonheur. Mais maintenant j'ai peur qu'il s'en aille à nouveau. Non ! Il vous sourit et vous embrasse tendrement dans ce dernier mot.

Paix.

"Peace. It doesn't mean to be in a place where there is no noise, trouble or hard work. It means to be in the midst of those things and still be calm in your heart".

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