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  • Photo du rédacteurclaireguerlin

J'ai testé, la communication non-violente !


Je voudrais vous faire part d'une étrange expérience. Je vous préviens d'entrée, non non je n'ai pas abusé de substances psychoactives, ni de l'herbe du jardin, ni des champignons bizarres du bois de l'Hautil !

En fait, ça commence un peu comme les histoires que je raconte à mon fils, c'est peut être ça d'ailleurs qui m'a inspirée :)

Aujourd'hui pendant mon footing matinal, j'ai croisé sur mon chemin deux animaux étranges. Une fois passée la surprise, il m'a fallu un effort pour comprendre ce qu'ils faisaient là en plein milieu de ma route.

Un animal avec un grand cou, des pattes immenses, qui me regardait avec une infinie bienveillance. A côté de lui, se tenait une espèce de chien version loup du petit chaperon rouge qui fait un peu peur, avec des grandes oreilles, un regard un peu effrayant qui me fixait.

Alors que je ressentais une forme d'empathie de la part du premier animal, je me sentais complètement traquée par le deuxième qui semblait prêt à se jeter sur moi.

Tous deux se sont mis à me suivre dans ma course sans me quitter, jusqu'à ce que je puisse enfin les identifier : une girafe et un chacal. Dès lors, j'entendis plus précisément ce qu'ils avaient à me dire.

Le chacal : « tu ne vois donc pas que tu te traînes là, et puis en plus, tu n'es absolument pas concentrée sur ta course, avec tout ce qui te traverse la tête, ça ne sert strictement à rien d'être là à courir à 9h du matin comme une imbécile, alors que tu pourrais être en train de profiter de ta famille à la maison, de prendre un petit-déj croissant-granola, ou de faire du yoga, ou de lire, ou de répondre à tous les appels et messages que tu as en retard, de finir tous ces débuts d'article commencés pour le blog qui attendent patiemment leur tour, c'est les vacances et tu n'en profites pas pour te reposer et puis en plus tu ... »

Semblant être moins terre à terre, la girafe s'interposa doucement pour décaler un peu la teneur de l'échange : « et si tu m'expliquais ce que tu ressens précisément là ? Et de quoi aurais-tu tout simplement besoin ? ».

J'eus envie de lui répondre à elle plutôt qu'au chacal car je sentais que c'était un peu plus constructif que de répondre à une agression. En plus, j'ai horreur du conflit.

Je me sondais alors le plus précisément possible et identifiais dans l'échelle de mes sensations, de l'impatience mélangée à de la frustration et de la tristesse. Un grand désordre intérieur aussi.

Le chacal interrompit le flot de mes pensées : « Depuis quand as-tu le droit de t'autoriser à questionner tes besoins ? C'est complètement ridicule. Franchement, t'as pas à te plaindre de ta vie, tes besoins, tes besoins, c'est pas un peu perché et futile ça ? On n'est pas dans le monde de oui-oui là ! Reviens sur terre, t'es en train de courir ! ».

La girafe s'interposa simplement : «Chacal s'il te plait, ce que j'ai à dire est important ». Puis, s'adressant à moi : « Je comprends que tu as besoin d'être dans l'action, mais il est aussi bon pour toi d'exprimer ce que tu ressens et ce dont tu as besoin, sans le dénigrer. Tu es légitime à cela, tu as le droit, tout est OK. Tu pourras ensuite engager tout ce qui pourra contribuer à répondre aux besoins que tu as nommés, et tout ira mieux ».

Et oui, j'en avais des besoins, des tonnes de besoin, et des tas d'idées aussi. C'était bien ça le problème. Mais juste le fait de me sentir autorisée à les nommer, et à entreprendre concrètement une ou deux actions, demandes pour y répondre, ça changeait tout.

Et là, paf ! Je me suis rendue compte que je commençais vraiment à enclencher le mode « communication non-violente » (CNV pour faire style...) découvert lors d'une formation récente. Alors bienvenue dans le monde de la CNV, des gentilles girafes et des méchants chacals !

C'est quoi ?

Théorisée par Rosenberg, expert en gestion des situations de conflits, la CNV est souvent présentée comme une « méthode de communication » fondée sur l'empathie.

Synthétiquement, la CNV représente pour moi :

- plus qu'une méthode : ce sont des propositions qui s'adaptent à ce que chacun est. En aucun cas une recette miracle, c'est à chacun de l'expérimenter pour s'y sentir bien … ou pas...

- plus que de la communication : c'est avant tout une façon de se penser, de penser les autres, le contenu et le sens de toute relation humaine.

- … bref, un chemin à parcourir pour trouver un juste milieu entre : je ne m'impose pas car j'ai peur du conflit, et j'agresse tout le monde comme ça je suis sûre d'arriver à mes fins et ça fait gagner du temps !

Le postulat de base est le suivant :

Pour mieux identifier les différents modes de communication, la CNV emploie cette fameuse métaphore : celle du chacal, fourbe, hurleur, centré sur lui-même, bref profondément agressif. A côté duquel se dandine la girafe qui possède une vision haute, éclairée et sereine.

Lors d'un conflit, ou lorsque nous nous sentons mal à l'aise, nous avons naturellement tendance à communiquer en mode chacal : « tu n'es pas assez ceci, cela, tu n'es pas capable de, c'est toujours moi qui... ».

La CNV nous propose justement une prise de recul sur la situation, pour désamorcer le conflit naissant dans la douceur, contrairement au chacal qui s'en nourrit et a tout intérêt à le laisser perdurer.

L'objectif est de nourrir la relation, entre deux personnes de même composition, sans vouloir prendre l'ascendant sur l'autre pour passer en force, ce qui peut être efficace à court terme mais nous revenir en boomerang à plus long terme !

C'est pour qui ?

Vous pouvez l'appliquer dans toutes les sphères de votre vie : avec vos amis, votre cher et tendre, vos enfants, votre boss...

Ca marche comment ?

Pour l'expérimenter, essayez d'appliquer le plus souvent possible ce cheminement dans vos demandes, réactions vis à vis des autres.

Ce temps d'analyse permet aussi de décaler et désamorcer en nous des réactions qui s'annoncent épidermiques :

L'observation : on observe la situation avec la plus grande objectivité, on s'oblige à la décrire sans parti pris, en grandissant le cou. Par exemple : « Tu viens me voir car tu souhaiterais que je vienne t'aider pour … c'est ça ? » Ou vis à vis de soi, ça donne : « Tu es en train de faire un footing là, mais visiblement, il y a quelque chose qui ne vas pas, tu n'as pas trop la tête à ça ».

Le sentiment : on exprime ce qu'on ressent dans cette situation : « Lorsque tu me parles comme cela ou que tu me demandes de faire cela, je ressens vraiment … (colère, frustration, tristesse, gêne....). Ou vis à vis de soi : « Je me sens hyper stressée car j'ai plein de choses à faire ».

Le besoin : on définit le besoin qui découle de ce sentiment non satisfait, sans stratégie de manipulation, l'idée étant de ne pas plomber l'autre ! : « J'ai vraiment besoin de prendre du temps pour moi, de tranquillité, de finir ce que je suis en train de faire car c'est important pour moi ».

On peut ici également mettre en balance le besoin identifié chez son interlocuteur, en lui demandant son feed-back : « J'ai besoin de … et en même temps, je sens que toi tu as besoin de …, c'est ça ? ».

La demande : Une fois nos besoins respectifs identifiés, on peut poser une proposition d'action adéquate : « je te propose de prendre encore quelques minutes pour finir, et je te rejoins ensuite ».

Quelques derniers conseils pour la route :

- Préférez les tournures de phrase positives, l'idée étant d'être le moins jugeant possible et de désamorcer le conflit

- Dans l'expression du besoin, ne pas le faire dépendre de l'autre dans la formulation. Préférez : « j'ai besoin d'être écoutée lorsque j'essaie d'expliquer ce que je ressens » plutôt que « j'ai besoin que tu m'écoutes ».

Cela permet d'éviter de faire peser systématiquement sur l'autre la satisfaction de ses propres besoins. Ce que l'on ressent et ce dont on a besoin, l'autre n'y peut rien, c'est notre affaire !

-enfin, sachez écouter l'autre parler de ses propres besoins et effectuer ses demandes … votre interlocuteur manie peut-être lui aussi très bien le mode CNV !

Si vous voulez approfondir la question, je vous conseille l'excellent livre de Rosenberg - Les mots sont des fenêtres, ou bien ils sont des murs.

Egalement le site qui propose tout plein de formations et de supports sur la CNV : http://www.cnvformations.fr/

Alors, prêt à relever le défi de la girafe ?

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