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  • Photo du rédacteurclaireguerlin

La découverte d'une pure merveille ...


Moi qui ne suis pas vraiment adepte des comédies sentimentales où la dégoulinade de bonnes intentions bloque toute accroche possible, je viens de vivre au cinéma une pure expérience sensorielle , qui m'a fait l'effet d'une séance de yoga....

Au premier coup d'oeil, le pitch de "Le goût des merveilles" peut justement faire craindre à un remake de ces mauvais films qui fleurent bon la romance d'un amour impossible dans la belle campagne, avec des jolies robes et des tracteurs pour nous rappeler le retour à la terre.

Sur l'écran, on y pense même plus. D'emblée, on se laisse volontiers emporter dans la vie de Louise, cette jeune maman de 2 enfants, veuve d'un mari auquel elle voue une loyauté exemplaire. Arboricultrice, elle tente de joindre les deux bouts pour sauver l'exploitation que lui a justement léguée son mari, arpentant les marchés et les banques.

Refusant de se mettre un nouvel "homme sur le dos", c'est sur le pare-brise de sa voiture que Pierre fait son entrée dans sa vie, suite à une collision. Incarné par Benjamin Lavernhe, pensionnaire de la Comédie française, le personnage de Pierre nous entraîne dans son monde, qui est en fait le notre.

Cet homme étranger, si différent, porte dans son syndrome d'Asperger toute la promesse d'un monde vécu différemment. D'un monde où chaque détail peut prendre vie si la conscience de l'homme vient l'éclairer. Les champs de lavande qu'il parcourt des doigts, un nuage à qui il se confie et qui porte un numéro, les fesses de Virginie Effira qu'il vient caresser du regard, le chant des arbres dont il s'ennivre et qu'il protège du gel avec des bougies géantes pendant la nuit...Sorti de la nature qui lui rappelle sa liberté, il perd pied dans la ville et son tumulte sonore.

Chaque élément de la nature reprend vie et beauté dans le regard de cet homme qui les sublime, mis en abîme par la caméra d'Eric Besnard. Pierre sacrifie les palabres inutiles et les mensonges aux longs silences et à des mots saccadés gorgés de vérité. Maladroit dans ses gestes, comme un automate dans son costume élégant, il déborde d'une sensibilité que ses crises de panique viennent cueillir.

Il pourrait faire partie de ceux que notre société désigne comme les "inadaptés sociaux", et qu'elle veut interner. Et pourtant, plus que vous et moi, il est dans la vie et respire la liberté.

C'est de ces hommes dont nous avons besoin, ça n'est pas eux qui ont besoin de nous.

Ce film est un viatique, une poésie des temps modernes, une plongée dans un univers sensoriel où l'on sent les couleurs que l'on voit, où l'on touche la lumière du soleil, où l'on s'ouvre au moindre bruissement. On se remet en éveil, on a envie de cuisiner des tartes aux poires et de coller des gommettes, on se nourrit d'une belle énergie qui fait un bien fou et qui n'en finit pas de durer ...

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